Publié sur Linked In, 13 juin 2023
Les Britanniques lancent donc une grande enquête publique sur la gestion de la crise Covid.
Ils ont montré par le passé leur haute compétence, leur rigueur, leur ouverture, dans ce type d’examen.1
Assurément, un des défis de la présidente de cette commission sera de couvrir un champ d’une infinie complexité, sans être noyée par cette complexité. Bien sûr, un grand nombre de défaillances, voire de négligences stupéfiantes pourront être clairement mises au jour. Des transformations organisationnelles ou autres pourront être prescrites, en matière d’anticipation des risques, de détection des problèmes, de gestion de crise, d’écoute des multiples acteurs au front, et certainement du pilotage de ce type de choc par les instances publiques.
Mais j’insisterai ici sur la nécessité d’ouvrir très tôt un questionnement, certes particulièrement difficile, sur les nouveaux défis présentés par les méga-crises systémiques qui nous assaillent désormais. Au-delà des manquements, voire des turpitudes en matière de pilotage gouvernemental, au-delà de l’héroisme de nombre d’intervenants, et de la souffrance du plus grand nombre, il faut s’interroger sur la nouvelle donne des « polycrises » actuelles.
Il ne suffira pas de lire la crise Covid à partir des savoirs en gestion de crise mis en place voici plus de vingt ans. Un véritable défi d’invention que cette commission devra relever. Et qui appelle l’ouverture, d’entrée de jeu, d’une réflexion de haut niveau, fortement décalée. À défaut, cette belle mission risquerait d’être bientôt piégée par son objet d’investigation
1 Patrick Lagadec : « Retour d’expérience : théorie et pratique. Le rapport de la Commission d’enquête britannique sur l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) au Royaume-Uni entre 1986 et 1996 », Cahiers du GIS Risques Collectifs et Situations de Crise, n°1, juillet 2001, 170 pages. https://lnkd.in/e7Wvy24kcontent/uploads/2021/11/retour_ESB.pdf