Non classé14 octobre 2024Par Patrick LagadecPatrick Lagadec : « Trapped in normality »

Publié sur LinkedIn 11 octobre 2024.

Hors script

Octobre 2024 : L’ouragan Milton, n’a pas suivi le script. Il a soudain explosé et pris une puissance phénoménale; mais ce sont des tornades qui ont fait le plus de dégâts; et il est arrivé peu après Hélène, sur des territoires déjà très fragilisés.

Août 2024 : le Bayesian, joyau “insubmersible” de 50 mètres, coule au large de la Sicile.
Combinaisons hors-cadre : tornades/mutation des conditions de navigation en Méditerranée/nouvelles donnes en matière de tourisme de grand luxe/ et probablement ( ?) non respect de fondamentaux de sécurité…

Octobre 2024 : le Ruby, endommagé, erre avec ses 22 000 tonnes de nitrate d’ammonium.

Octobre 2024 : les finances publiques en urgence absolue. Un environnement politique inédit, combiné à bien d’autres facteurs, a projeté un des systèmes les plus rodés, contrôlés, normés, très loin hors de ses cartes les plus essentielles…

Dans tous les domaines, on observe cette dynamique de plus en plus marquée : la sortie brutale des épures de référence.

Mayday

Le piège : nous restons pourtant profondément marqués par le primat de la “normalité”. La répétition, la linéarité, le “raisonnable” rassurant, délimitent le champ de l’action, de la responsabilité.

Ouvrir des questions, quand tout est focalisé sur la consécration des réponses, c’est s’exposer à l’exclusion. Le verdict tombe: « C’est jouer les Cassandre » (contresens constant qui en dit long sur la terreur profonde de qui porte l’accusation); c’est faire preuve “d’irrationalité”, sans « preuve » statistique.

Comme le disait un cadre dans un grand groupe : « Ici, c’est comme le mikado, le premier qui bouge, il a perdu ». « Agnès, tu as fait peur au Président. »

Dans un monde de plus en plus sujet à ruptures, cette dynamique de conformité – qui marque même bien des préparations à la “gestion de crise” [qui devrait être requalifiée en “gestion des grandes urgences”] – est porteuse de débâcles en chaîne.

Sursaut

Comme je l’indiquais récemment (30 septembre) il nous faut :
– ouvrir de nouvelles cartes de référence ;
– réinventer la place du pilotage stratégique ;
– repenser l’aide au pilotage ;
– revoir nos entraînements, etc.

À l’heure où pareil sursaut semble quasi-impossible à faire, à tolérer – on s’entraîne surtout à puiser plus efficacement dans les boîtes à outils consacrées – il est d’une importance existentielle d’opérer ce saut qualitatif.
Refuser l’obstacle, c’est accepter par avance bien des débâcles et des capitulations. Avec enfermement dans les déchirements aussi stériles que destructeurs.

Il est impératif d’ouvrir de nouvelles routes, et de se mettre en capacité de déployer de nouvelles pratiques. Non pas demain, mais tout de suite. Les voies sont déjà dégagées, reste à vouloir s’arracher à la tyrannie des “Étranges défaites”.

SOCIÉTÉS DÉBOUSSOLÉES – OUVRIR DE NOUVELLES ROUTES, PERSÉE, 2023.
https://lnkd.in/eUjHtVJp

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