Publié sur LinkedIn le 17 décembre 2024.
Nous sommes ici dans le registre du choc cataclysmique. Exigences (pour tous) : modestie, maîtrise, inventivité.
Les urgences immédiates sont bien évoquées : aéroport, eau, électricité, santé publique…
Pointons quelques autres sujets, au risque de l’erreur :
1. Pilotage stratégique.
L’énormité des dégâts humains et matériels, l’éloignement, la grande pauvreté et ses lourdes tensions, dans de vastes zones de pauvreté encore plus grande et leurs migrations massives, conduisent à un tableau hors-limite.
Le questionnement hors cadre devra constamment conforter et inspirer le pilotage.
(et, à l’adresse de tous les observateurs, attention aux conclusions hâtives, aux remarques à l’emporte-pièce, au simple rappel de ce que l’on connaît à partir de situations connues).
2. Une fois l’aéroport ouvert, attention à ne pas le perdre instantanément.
Attention à la submersion par tout ce que la planète compte de médias, de spécialistes de l’urgence, de donateurs de toute nature. Certes, ne pas bloquer, mais vigilance, anticipation et ajustements fins nécessaires.
3. Une double dynamique.
Il faut bien sûr conserver une puissante implication de l’État, sans laquelle le système
connaîtrait l’effondrement.
Mais il faut aussi examiner, accompagner, dynamiser, tout ce qui peut venir « par le bas », sans quoi l’État sera rapidement accusé de tous les maux, et toute reprise sera artificielle, vidée de ses ancrages humains et sociétaux locaux.
Cela suppose sans doute un mécanisme d’ajustement permanent, certes très difficile, moins pour « contrôler » tout ce qui ne vient pas des autorités, que pour marier au mieux les deux dynamiques, sans qu’elles se neutralisent.
4. Des « clusters » organisationnels à organiser
Vu la multiplicité infinie des tâches à remplir, exigeant la combinaison d’acteurs, publics, privés, ou associatifs – locaux, nationaux ou internationaux –, il sera utile de prévoir des unités de mise en cohérence et coopération. Pour apporter des compétences opérationnelles plus efficaces et adaptées. Dans un moment où le risque est de monter des cloisons plutôt que d’inventer des ponts. L’accueil maîtrisé de l’indispensable aide étrangère, notamment, est toujours un défi.
5. Les médias
Classiquement, il faut s’attendre à un afflux considérable de médias mondiaux. Avec le risque de difficultés logistiques, de tension avec les populations. La qualité de l’information sera décisive. Être vigilant sur la possibilité d’informations extravagantes, très pénalisantes d’un point de vue opérationnel, comme on l’a vu sur Katrina.
À l’autre bout, on sera très attentif à ce qui se met en place en termes de médias « par le bas », comme on le voit avec l’activité Facebook très dense. Comment tirer parti des informations, mieux répondre aux besoins exprimés, mieux valoriser ces acteurs. Dans le cas de Katrina, les meilleurs médias (Times Picayune) furent les médias locaux.
A suivre…