Publié sur LinkedIn, 18 juillet 2024
Donc, à écouter les plateaux, le pouvoir en France est passé au Parlement. Alors, il va falloir que le Parlement soit à la hauteur de ses responsabilités. Il ne suffira pas de vociférer en proclamant que tout devra être fait comme il a été « promis » qu’il le serait ; ou de multiplier les embuscades vengeresses ; ou de regarder sagement en attendant que le pouvoir soit à ramasser.
Pendant que les retombées de l’explosion du 9 juin finissent par se décanter à l’abri des Jeux olympiques et des affaires courantes, il serait urgent que le Parlement se construise une note repère clarifiant les contraintes et les exigences qui, quelles que soient les vociférations dans l’hémicycle ou les coups de mentons devant les caméras, feront peser leur loi d’airain dès la fin de la drôle de sauterie estivale.
– RESPONSABILITÉ. Quelle exigence pour le Parlement ? Quels risques pour le pays, si ce lieu qui revendique le pouvoir s’en tient à des postures de protestation, de blocage, d’oukases, de non-choix, de dissipation de colères brutes ? On ne saurait se contenter de faire valser les gouvernements en attendant l’an de grâce 2027.
– CONTRAINTES. Quel état des finances publiques et de la dette ? Quelles marges de manœuvre effectives ? Quelles contraintes nos partenaires étrangers et les marchés imposeront ? [Il ne suffira pas de dénoncer « Bruxelles », car on pourrait bien finir par nous dire : « Chiche, vous sortez de l’Euro ! »].
– URGENCES. Quelles urgences il faut traiter pour éviter des situations intenables, qu’il s’agisse de cohésion nationale, de sécurité, de solidarité, de pouvoir d’achat… ?
– AVENIR. Quelles exigences d’investissement – transition écologique, technologie, science, éducation, santé…– pour que l’avenir ne soit pas rapidement fermé ?
– SURPRISES. Il ne faudra pas être bloqué face aux surprises de haute intensité (choc environnemental, choc financier, choc sécuritaire…) que le monde actuel ne cesse de faire déferler. Quelles marges de manœuvre prévoir ?
– PRÉPARATION. Quelle préparation et organisation de la représentation nationale pour se mettre en capacité de jouer son rôle dans ce monde de furie qui voit la montée de la guerre, le basculement dans les réalités alternatives, le décrochage des démocraties, les méga-chocs systémiques de toute nature qui menacent gravement les ancrages, la stabilité, la cohésion de nos pays ?
C’est à l’intérieur des cônes du possible qu’élus et responsables devront dessiner leurs projets, et se préparer à tenir leurs responsabilités.
Là encore, on ne saurait se mettre en droit de retrait pour rester à l’écart de la fureur du monde en attendant, en expédiant les affaires courantes, de sublimes grands soirs.