Publié sur LinkedIn le 25 mars 2023, à 15h30.
Et si on sortait des phares de la voiture avant que le pays s’embrase ?
Certes, il est toujours difficile, douloureux, de sortir des rails que l’on avait commencé à poser à partir d’un plan que l’on s’imaginait optimal, de penser autrement que selon les visions établies que l’on pensait nécessaires, indiscutables et sans alternatives possibles.
Mais, quand on fonce droit dans le mur, quand on risque de mettre l’incendie à tout le système, on peut tout de même prendre un peu de recul et faire œuvre d’imagination. Trop seuils de criticité sont désormais en passe d’être franchis.
Le commandant de bord qui voit en face de lui un énorme orage ne fonce pas dedans, même s’il tient à sa route initiale, même s’il va dépenser plus de carburant que prévu.
Il vaudrait mieux éviter de suivre Jules César face à son Rubicon : « Si je ne passe pas ce fleuve, cette retenue sera la source de mes malheurs; si je passe, malheur à tout le genre humain ». (Christian Meier, « Jules César », Seuil, 1989, page 9.)
On se grandirait en inventant des voies nouvelles pour naviguer dans nos espaces en surfusion.
Et il y a urgence : dans nos environnements chaotiques, le point de fixation actuel ne demande qu’à devenir très rapidement un attracteur étrange pour le déferlement de plus en plus rapide et global de processus d’engloutissement et de gangrènes irrépressibles.