Non classé2 décembre 2024Par Patrick LagadecPatrick Lagadec : « Crise nationale – A Red Team Approach »

Publié sur Linkedin, 30 novembre 2024.

Le pays navigue à toute petite vitesse, en faisant des ronds dans l’eau, dans un océan déchaîné.

On interroge les meilleurs experts constitutionnalistes, politistes, économistes, financiers. On suppute les arrangements, les exigences, les ultimatums des princes d’un hémicycle en furie.

On se rassure, « le pire n’est pas toujours sûr », « si ça s’aggrave, la BCE paiera », « ce n’est tout de même pas la Grèce ! » Sauvé ! Vive demain, les prochains ébats carnassiers, et merci S&P pour ce week-end de trêve inattendu…

Mais allons voir du côté des coulisses de « la crise » et laissons-lui la parole.

NOS POINTS FORTS

  1. Nos adversaires sont hors de leur domaine de vol : Ils sont rompus aux jeux et joutes à risques provisionnés, sans jamais la possibilité d’effondrement systémique rapide. Le monde d’avant. La crise (laquelle au fait ?) déferle sur un terrain profondément dissocié, sans ancrage ni perspective en vue. Les hypothèses cardinales sont pulvérisées. Quels que soient les développements, les boussoles de nos adversaires tourneront dans le vide.
  2. Jetés dans cet univers sauvage, nos adversaires sont tétanisés. Bien sûr, ils masquent leur terreur et leur impuissance, ils donnent le change en ayant le verbe haut, l’exigence radicale, l’ultimatum permanent, le regard sur la ligne bleue de 2027. Mais ce n’est là que
    l’étalage de leur impotence.
  3. Ils pourraient prendre quelque recul, mais ils ne le voudront pas, et ne le pourront pas.
    Dans les déferlantes, ils foncent, ils déclament, ils proclament, ils menacent, avec coups de menton et coups de barre à chaque saute d’humeur et de vent. Ils se noient en clamant victoire.
  4. Ils pourraient décider de solliciter des esprits préparés à ouvrir de nouvelles routes.
    Mais ils ne le peuvent pas : ils ont pris un grand soin d’écarter tous ces profils qui auraient « inquiété les directions » et n’ont aucune instance en mesure de traiter les défis hors norme que nous leur imposons.

NOS POINTS DE VIGILANCE

  1. Il ne faudrait pas qu’ils montent une task -force ayant pour mission d’ouvrir des options en rupture qui ratatineraient les grands petits jeux qui font les délices de l’hémicycle en folie.
  2. Par exemple, il ne faudrait pas que les dirigeants changent brutalement de registre et, au lieu d’aller au 49-3 attendu avec gourmandise, fassent à leur tour dans l’ultimatum bien ciselé. Game over.
  3. Il ne faudrait pas que les dirigeants sortent un tout autre budget, prévoyant de substantielles économies structurelles, doublées de dispositifs et mesures décisifs en matière d’équité-solidarité, et de décisions fortes ouvrant des avenirs créatifs.
  4. Il ne faudrait pas que, brutalement, ils étonnent le monde par une vigueur et une imagination créatrice que l’on n’attendait plus et qui nous mettrait, nous la crise, en grande difficulté.

Heureusement, pour nous non plus, « le pire n’est pas toujours sûr »

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