Publié sur linkedIn le 17 juillet 2024.
Maux croisés : vide les ministères et remplit la buvette. Comment se mettre, avec une résolution sans faille et une efficacité sans égale, en état de ne pas gouverner ? Comment se mettre hors d’État de marche ? Comment être certain de ne rien voir émerger en voie de sortie ? Quel narratif peaufiner pour arracher un sauf-conduit de façade si le réel vient d’un coup faire irruption dans la non-bataille qui fait rage ? Comment contraindre toute réalité à attendre que Sa Majesté le navire France soit à nouveau à flot, en 2027 ? L’immunité couvre-t-elle un parlementaire dans sa tâche de ministre en non-exercice ? Est-ce que la CJR est en charge en cas de problème avec un zombie ?
RECUL
Certes, il faut faire au mieux dans la tempête… Mais quand, sur tous les tableaux, on voit nonsens et impasses se multiplier, c’est que les conditions générales existent pour que tout se transforme en labyrinthes dont nul ne peut, ne veut, ne doit sortir.
Nous n’avons plus ni la culture, ni la grammaire, ni l’aptitude pour traiter les défis du monde.
En réponse, le système décisionnel se met en droit de retrait pour ne pas avoir à affronter ces tempêtes barbares.
Au mieux, nous avons cultivé la « continuité d’activité » pour passer des difficultés conjoncturelles particulières ; et nous entraînons les salles des machines à faire face à des complications opérationnelles dûment répertoriées. Mais quelle préparation des passerelles de commandement ?
Les Lignes Maginot sont solides :
– Par convention, il n’y pas de question autre que de tactique opérationnelle.
– Quiconque suggère de solliciter les étages stratégiques sur des défis que la tactique ne saurait résoudre sera mis hors d’état de nuire.
– Pour les défis qui pourraient surgir, il reste la consultation expéditive de quelques hommes de Cour qui sauront donner les solutions attendues ; et une sur-communication pour dissoudre les maux dans les mots.
– La règle de Queuille est sacrée : « Il n’est aucun problème assez urgent qu’une absence de décision ne puisse résoudre. »
– Et une voie de sortie actuelle vient conforter tous nos évitements : si l’on est en difficulté, il suffira de basculer dans les « réalités alternatives ». Au moins le temps que ça puisse servir de voie de fuite.
PISTES :
– Dépasser les réponses sur étagère pour travailler les questions qui ne rentrent pas dans les cadres convenus.
– Engager des initiatives novatrices pour la préparation effective des cercles dirigeants afin que l’extravagance et le refus d’obstacle ne deviennent pas les réponses normales aux turbulences du monde.
– Ouvrir et consolider ces efforts en tolérant retours d’expérience effectifs, échanges à l’international, expérimentations hardies.
Le monde actuel, fait de chocs et de ruptures, ne rime pas bien avec « Affaires courantes ».
Espérons ( ??) qu’il fasse une exception pour que HMS-France soit préservé et lui donne le temps de se ressaisir.