Posté sur LinkedIn, 2 octobre 2024.
D’après les informations diffusées ce jour (18h58), une opération d’urgence sanitaire a été déclenchée en gare de Hambourg, avec isolement de 200 personnes. Deux étudiants en médecine arrivés ce jour du Rwanda à Frankfort, présentaient des signes de maladie type « grippale ». Dans leur pays, qui connait actuellement une flambée épidémique avec le virus de Marburg, ils auraient soigné des patients atteints. On chercherait à tracer les contacts des deux étudiants.
Ce ne sont là que des bribes d’information. Tout peut finalement s’avérer sans objet. Du moins pour ce qui concerne Hambourg.
Cependant, vu les enjeux de l’affaire – le virus de Marburg est autrement plus redoutable que le COVID – on imagine une mobilisation-flash, non seulement du Land concerné, non seulement de l’Allemagne, mais encore de l’Europe.
Et au plus haut niveau : pas seulement d’experts du virus, mais bien de l’échelon politico-stratégique. Certes, on pourra objecter qu’il faut être « certain » avant de déclencher quoi que ce soit. Qu’il faut laisser le temps au diagnostic, à l’évaluation, à la confirmation, pour mobiliser qui que ce soit (on dira même « affoler qui que ce soit »).
L’expérience cuisante du Covid plaide pour une tout autre réactivité si l’on ne veut pas subir les mêmes viscosités, au cas où tout ne serait pas sans objet ou tout au moins « sous contrôle ».
Il suffit de lire le « Journal » détaillé de la ministre française –Agnès Buzyn – au moment où elle capte les prémisses d’un démarrage de l’épidémie de Covid et tente, en vain, de mobiliser l’Europe : impossible de mobiliser la commissaire européenne pour déclencher quelque réaction ; impossible de mobiliser la présidence tournante ; difficulté de mobiliser d’autres ministres européens de la Santé ; OMS en retrait… (Flammarion, 2023, pages 119 ; 125)
Avec Marburg, il serait impératif de ne pas connaître les mêmes sables mouvants.
Il serait sage qu’une veille renforcée soit déclenchée, si elle ne l’est pas déjà.
Il serait prudent de monter, au moins à titre d’exercice (pouvant être stoppé à tout moment en cas d’informations le justifiant), une mobilisation de personnes clés en mesure de se poser des questions stratégiques – et pas seulement médicales – au cas où l’affaire apparaîtrait « plus complexe ».
Pour anticiper notamment :
– mobilisations à prévoir,
– erreurs et pièges à éviter,
– défis de communication,
– effets systémiques possibles,
– rythmes possibles,
– pistes pour éviter des éclatements plus rapides encore que la diffusion du virus.
Dans ce type de crise tout retard à l’allumage est pénalisant et reste impossible à rattraper.
Bref, ce n’est peut-être pas Marburg . Mais, quand on évoque Marburg, on serait bien inspiré de se mettre en posture d’anticipation pointue. Et si rien ne se confirme, l’exercice ne sera pas du temps perdu.
Mais peut-être tout cela est-il déjà en marche ?
https://x.com/hmpxvt/status/1841508486481346804?