Publié sur LinkedIn, 13 août 2023
L’annihilation de la ville historique de Lahaina, avec son très lourd bilan humain et patrimonial (loin d’être définitif), va faire l’objet d’une investigation par les autorités. Il faudra attendre ses résultats.
Il semble que l’on puisse déjà (sous réserve de correction et d’approfondissement ultérieurs bien entendu) pointer quelques facteurs qui méritent une attention nouvelle :
1. On ne peut critiquer un manque de sirènes : l’archipel dispose du réseau de sirènes que l’on dit le plus dense au monde. Mais il ne fut pas activé.
2. Les moyens et la culture en matière d’alerte par téléphone existaient bien : mais l’incendie détruisit les réseaux.
3. Il y avait certes un processus planifié d’évacuation : mais la vitesse de propagation de la fournaise fut telle, que ce processus explosa d’entrée.
4. Une vigilance avait été émise : mais d’abord et avant tout sur le vent, même si la question des feux de broussailles avait été mentionnée.
5. Plus profondément :
a) Les plus grands risques avaient été identifiés et diffusés : mais celui du feu n’était pas dans les risques les plus critiques.
b) Il fallut compter avec de multiples théâtres d’opération, avec des feux sous contrôle, d’autres démarrant et fusant juste après : pas d’unité de lieu.
c) La vitesse de propagation était hors des cadres de repères en vigueur.
d) Les populations avaient plutôt l’habitude de reconnaître le danger quand le feu était visible – ici, la vitesse changeait la règle.
L’enquête examinera certainement l’aptitude des autorités à suivre les meilleures pratiques prévues, et les défaillances ou insuffisances.
Mais il serait aussi très important de s’interroger sur le NOUVEL UNIVERS dans lequel responsables et citoyens se trouvent projetés désormais quand les éléments ne suivent plus du tout les références fondamentales sur lesquelles reposent aussi bien la prévention que l’alerte.
Mais il serait aussi très important de s’interroger sur le NOUVEL UNIVERS dans lequel responsables et citoyens se trouvent projetés désormais quand les éléments ne suivent plus du tout les références fondamentales sur lesquelles reposent aussi bien la prévention que l’alerte.
Fond de chaos climatique + Cyclone + Incendie de végétation = une chimère.
Une situation qui ne répond plus à nos écrans radar, qui oblige à de l’inventivité collective à très haute vitesse. Et donc à des préparations nouvelles, prenant en compte la surprise de haute intensité.
Cette dernière dimension de la surprise multiforme de haute intensité est capitale. Des enseignements sont à rechercher qui seront utiles bien au-delà du cas de Hawaï. Voici le temps des chimères.
https://edition.cnn.com/2023/08/12/us/hawaii-emergency-warning-system-mauiwildfires/index.htm