Non classé5 avril 2025Par Patrick LagadecPatrick Lagadec : L’implosion (2)

Publié sur LinkedIn le 5 avril 2025.

Le 6 mars dernier je pris le risque d’évoquer la possibilité, certes très faible, non d’un triomphe, mais d’une implosion de l’Exécutif US.

En tout juste un mois, même si rien n’est écrit, ce scénario a pris quelque consistance, et se voit même terriblement élargi.

Beaucoup, sur les plateaux, dissèquent et auscultent les dernières salves tirées de Washington pour rechercher les stratégies cachées, et potentiellement gagnantes. Pendant ce temps, le grand joueur de golf fuit en permanence vers et dans ses 18 trous, à l’écoute de telle ou telle influenceuse lui dictant ses prochains coups destructeurs.

Pour l’heure, c’est bombardement au napalm de tous les pays, y compris ces îlots de l’Antarctique et de leurs colonies de pingouins ; tronçonneuse pour tout ce qui faisait le soft-power des Etats-Unis à travers le monde ; lance-flammes sur tout ce qui tient le pays, de la science à la santé et l’aide sociale, de la culture à la sécurité, y compris des institutions les plus cruciales pour la sécurité nationale.

Le délire a mis la première puissance mondiale à son service.

Et « le pire dans le délire c’est quand on en sort » (Maurice Bellet). Tout sera donc fait à Mar a Lago pour y creuser toujours davantage des galeries toujours plus mortifères.

Le point central et vital est que jamais le « Make Me Great Again » et ses serviteurs envoûtés comme pétrifiés ne soient contraints de voir l’écroulement de leur monde, à commencer par
leur monde intérieur.

Le risque majeur est bien de voir le monde entier partir dans l’implosion.

On pourrait attendre la convocation du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour commander un cessez-le-feu dans cette guerre mondiale.

Certes, on peut tenter de « négocier », ici ou là, pour sauver ce qu’on peut dans le vortex du non-sens. Mais on ne saurait parier trop lourdement sur la possibilité d’amadouer qui ne peut survivre que dans et par le délire destructeur.

Nous avons besoin d’une réponse collective et imaginative, visant moins une négociation dans un salon huppé qu’à stopper l’hémorragie, à briser ce pacte avec la mort collective.

Ce n’est pas ici de la « gestion de crise », mais bien de la navigation en terre inconnue, sous la menace d’un chaotique triomphant.

Certes, cela aurait supposé quelque préparation mais, à défaut, l’urgence est bien de construire – rapidement – des initiatives capables de circonscrire l’incendie, d’arrêter la course à tombeau ouvert, et d’ouvrir des routes autres que fatales dans ces ruines qui s’accumulent.

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