Publié sur LinkedIn le 3 octobre 2024.
Donc, fausse alerte, les analyses indiquent que les étudiants suspectés d’avoir été contaminés par le virus de Marburg ne sont pas porteurs. Soulagement.
On peut se contenter d’observer « qu’on s’est affolé pour rien ». Comme trop souvent. Mais on peut tenter d’aller au-delà.
Il serait utile de connaître les visions, les initiatives éventuellement prises par les acteurs concernés dans l’attente de la levée de doute.
Deux lignes à considérer :
1. « Un peu de sérieux, sachons raison garder. Nous n’avions surtout pas à déclencher de mobilisation aussi longtemps que nous n’en savions pas davantage. Il fallait attendre le résultat des tests. Bouger, c’était céder à la fascination du pire, déclencher des dynamiques délétères. Et nous avons eu raison: plus de peur que de mal. Heureusement, nous n’avons rien déclenché, il y a suffisamment de vrais défis pour ne pas alourdir les agendas de nos dirigeants et contribuer à rendre l’actualité encore plus inquiétante. S’il y avait eu finalement un vrai problème, nous aurions mis en action nos instances en charge. Point final.”
2. “Chevaucher la ligne de crête… Nous avions à déclencher des veilles très actives, en raison de la gravité potentielle de l’épisode : on parle de Marburg. En cas de confirmation de la présence du virus, quid des cas contacts dans l’avion en provenance du Rwanda, dans le train de Francfort à Hambourg, dans l’aérogare et les gares ? Pouvions-nous attendre le résultat des tests avant de commencer à nous mettre en ordre de bataille, non pour déployer des initiatives hollywoodiennes, mais pour nous mettre en posture de pilotage au cas où des mauvaises nouvelles surgiraient et se déploieraient à haute vitesse ? La bataille du temps, du rythme devait être engagée avant d’avoir le diagnostic final. On ne traite pas une suspicion d’incendie dans un stockage d’explosifs comme un feu de cagette. »
Dans le cadre de la première ligne de réponse, quelles auraient été les difficultés si les tests s’étaient avérés positifs ? Si la situation avait dégénéré ? Aurait-on opposé qu’on n’avait aucune évidence suffisamment solide pour déclencher des actions fortes qui pouvaient avoir leurs revers ?
Dans le cadre de la seconde, qu’est-ce qui a ou aurait pu être fait, préparé, engagé pour rester en phase avec le risque, un risque tout aussi bien nul, limité ou disproportionné ? Quels sont les points forts sur lesquels compter ? Quels sont les points faibles ? Quel niveau d’engagement est en place ? Nos cultures, nos organisations permettent-elles de relever ce type de défi ?
Une certitude : ce sont là des questions d’une complexité abyssale, et aucune réponse simple ne permet de fermer le dossier.
Et si les instances concernées ouvraient effectivement un retour d’expérience pour examiner les difficultés de ces épisodes ? Cela pourrait être précieux si un jour un épisode, cette fois de haute intensité, devait survenir.